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05 mai 2009

Le bénéfice du doute !

"La connaissance progresse en intégrant en elle l'incertitude, non en l'exorcisant." Edgard Morin, La Méthode.

Le doute.jpgPour le tout un chacun, être correcteur c'est habiter une marge inhumaine où le doute n'a guère droit de cité. J'ai parcouru des milliers de pages la peur au ventre jusqu'au jour où j'ai découvert un article de Sophie Brissaud paru en décembre 1998 dans le n° 31 des Cahiers GUTenberg. Sa description de la "lecture angoissée" ainsi que le portrait psychologique qu'elle dresse du correcteur, m'ont aidée à exprimer ce que depuis longtemps je taisais : celui qui sait ne voit pas ! ou plus exactement ne voit que partiellement. Quelle joie de se sentir ainsi compris(e) dans l'exercice d'une tâche que l'on pratique au secret, dans une attention (tension) permanente, en quête d'équilibre et d'harmonie. Ce texte fondateur a mis en lumière le bénéfice du doute !


Sur le correcteur circulent un grand nombre d’idées très fausses. Il est faux, par exemple, de croire que le correcteur soit un expert de la langue. Il peut l’être, au sens de ses mécanismes et de son fonctionnement, mais même cela n’est pas essentiel.
Le correcteur est défini non par son savoir mais par sa psychologie.
La correction est plus qu’un métier : c’est une névrose. […] l’important n’est pas ce qu’il sait : c’est ce qu’il est conscient de ne pas savoir, ou tout au moins de ne pas savoir tout à fait, ce qui demande vérification, ce sur quoi il veille en permanence — en tâche de fond pourrait-on dire.
Le vrai correcteur ne fait pas que traquer la faute. Il tombe dessus par hasard (et reçoit instantanément des regards noirs s’il y a des témoins). Le vrai correcteur ne sait rien et doute de tout. Il a en théorie tout dans la tête mais il n’en est pas moins bardé de dictionnaires et de codes typographiques car il est mieux que personne familiarisé avec la ressemblance entre l’esprit humain et la proverbiale passoire.
Le correcteur ne lit pas. Il photographie visuellement le mot et identifie une coquille quand son cerveau lui renvoie de façon presque subliminale que « quelque chose ne va pas ». Le correcteur ne lit pas comme tout le monde. L’exercice de son métier peut être décrit, très justement, comme une « lecture angoissée ».

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12:30 Publié dans ///// correction